Grâce au pre-rendering d’Eleventy, Lighthouse donne déjà à notre site le vénérable score de 100 points en performance 💪. Mais si nous essayions d’aller plus loin ? Le simple calcul d’un outil n’est pas une excuse pour ne pas mieux faire !
Voici les techniques, certaines banales, d’autres plus exotiques, que j’ai l’habitude d’utiliser.
Lazy loading des images
C’est désormais d’une simplicité absolue en HTML :
<img loading="lazy" />
Ainsi, les images sont chargées au fil du scroll. HTML mon amour.
Un autre attribut a récemment fait son apparition, que je m’empresse d’ajouter :
<img loading="lazy" decoding="async" />
L’attribut decoding="async"
autorise le navigateur à traiter en parallèle le rendu de la page et celui de l’image, ce dernier devenant donc non bloquant.
L’impact sera faible sur mes images de taille moyenne, mais ça ne mange pas de pain.
Picture, source & srcset
Pour les couvertures, trois formats d’image cohabitent : avif
, actuellement supporté par Chrome & Opera, webp
, désormais très bien supporté, et jpeg
, pour les navigateurs un peu à la traîne.
avif
est désormais supporté par tous les navigateurs majeurs !Le navigateur peut choisir son format préféré grâce au tag picture
, qui contient un tag source
pour chacun des trois formats d’image. Il contient également un tag img
qui sera le seul interprété si le navigateur ne comprend pas picture
. On tire ici parti de la solidité du HTML, qui va simplement ignorer ce qui n’a pas de sens pour lui.
Notez que les attributs loading
, decoding
et alt
se trouvent sur la balise de fallback, mais qu’ils seront bien pris en compte.
<picture class="book__cover">
<source
type="image/avif"
srcset="dist/smile_350.avif 350w, dist/smile_700.avif 700w"
sizes="(min-width: 32em) 21.875rem, 15.625rem"
/>
<source
type="image/webp"
srcset="dist/smile_350.webp 350w, dist/smile_700.webp 700w"
sizes="(min-width: 32em) 21.875rem, 15.625rem"
/>
<source
type="image/jpeg"
srcset="dist/smile_350.jpg 350w, dist/smile_700.jpg 700w"
sizes="(min-width: 32em) 21.875rem, 15.625rem"
/>
<img
loading="lazy"
decoding="async"
src="dist/smile_350.jpg"
alt="Couverture de Smile"
/>
</picture>
Chaque couverture est donc proposée en avif
, webp
et en jpeg
, mais également avec deux largeurs différentes : 350px
et 700px
. C’est ce qui est proposé au navigateur grâce à l’attribut srcset
.
Enfin, l’attribut sizes
permet au navigateur de connaître la taille d’affichage des images (il faut lui dire, car il ne peut pas le deviner à partir du CSS, pour des raisons d’implémentation).
Le contenu de l’attribut s’interprète ainsi : au dessus de 32em
de large pour le viewport, l’image fera 21.875rem
de large. Sinon, elle fera seulement 15.625rem
de large.
Le navigateur connaît la taille du viewport et en déduit la taille de l’image affichée.
Grâce à toutes les informations à sa disposition, le navigateur peut finalement choisir quelle image utiliser, en fonction des formats supportés, de la taille du viewport, du pixel ratio de l’écran, du cache, de la qualité de connexion...
Voici le poids des dix images en fonction du format et de la dimension :
avif | webp | jpeg | |
---|---|---|---|
350px | 🌟 147Ko | 252Ko | 321Ko |
700px | 249Ko | 459Ko | 624Ko |
On varie donc du simple au quadruple ! Avec des images plus grandes, la différence sera encore plus importante.
Générer les images avec Eleventy
Plutôt être forcé à regarder la saison 29 de Plus belle la vie que de produire à la main toutes les images nécessaires à cette optimisation.
Pour rappel, on parle de 10 livres × 3 formats × 2 tailles, doit 60 images !
Non, je souhaite prendre l’image de la meilleure qualité possible, et laisser la machine faire le reste. Et là, merveille : Eleventy propose exactement ce qu’il me faut.
Nous allons créer un helper bookImage
, que nous appellerons pour chaque item :
{% bookImage item %}
Un helper est une fonction qui retourne un template. Elle se déclare ainsi, encore une fois dans le fichier .eleventy.js
.
eleventyConfig.addLiquidShortcode("bookImage", bookImage);
async function bookImage(book) {
return "<p>Hello world !</p>";
}
Rappel important : Eleventy étant un générateur de site statique, ce JavaScript est exécuté une fois pour toutes lorsque le site est généré, et non pas au runtime côté client. Le but est toujours d’avoir un HTML statique au final.
Dans notre helper, nous allons utiliser le plugin officiel Image. Ça se passe comme ça :
const images = await Image(`src/img/${book.fileSlug}.jpg`, {
widths: [350, 700, null],
formats: ["avif", "webp", "jpeg"],
outputDir: "_site/img",
});
Si nous passons un objet book
et que nous avons bien un fichier image correspondant dans src/img/
, cette fonction va générer les 6 images nécessaires.
Seule bizarrerie à mentionner, le null
dans la liste des largeurs, nécessaire au cas où l’image source fait moins de 700px
(la grande taille sera alors la taille originale de l’image, par exemple 579px
).
Ensuite, et je vous passe les détails d’implémentation, nous allons retourner le template correspondant. Vous savez, le gros bout de code décrit plus haut avec toutes les sources
, srcset
...
return `<picture class="book__cover">
${sources}
<img
src="${url}"
alt="${alt}"
loading="lazy"
decoding="async"
/>
</picture>`;
Peut-être l’avez vous remarqué, ce helper a de formidable qu’il fait deux choses très importantes à la fois :
- il génère les images nécessaires ;
- il renvoie le markup associé.
La séparation de ces deux processus est fréquente. Qu’ils soient ici si intriqués facilitera certainement la maintenance.
Une autre façon de le dire, c’est que le template génère à la volée les images dont il a besoin !
CSS critique inline
Actuellement, la cascade du site ressemble à ça :
On voit nettement les deux ressources bloquantes que sont le CSS et le JavaScript.
Contrairement aux images, le CSS et le JavaScript bloquent l’affichage de la page tant qu’ils ne sont pas chargés, parsés et exécutés.
Le client récupère le HTML, puis effectue deux nouvelles requêtes pour récupérer le CSS et le JavaScript. Il ne se passera rien d’autre pendant ce temps. La page restera blanche et les images ne commenceront pas à se charger. Quel gâchis !
Une bonne solution serait d’utiliser un server push, pour envoyer ces ressources avant même que le navigateur ne les ait demandé. Mais il faut pour cela avoir accès au serveur.
Alors me vient une pensée impure :
Mon CSS ne fait que 4ko, qu’est ce qui m’empêche de le mettre directement dans le HTML lors du build ?
Il s’agit en réalité d’une technique très efficace appelée Critical CSS Inline, qui consiste à placer le CSS nécessaire au rendu de ce que l’on voit en premier directement dans le HTML. On charge ensuite le reste du CSS en asynchrone, sans bloquer la page.
Dans mon cas, le CSS critique représente la quasi totalité de ma petite page, mais la technique n’en est pas moins intéressante.
Je vais ici faire appel au plugin eleventy-critical-css, qui cette fois n’est pas officiel mais créé par la communauté.
Je n’ai pas grand chose à dire sur l’utilisation tant elle est directe :
if (prod) {
eleventyConfig.addPlugin(criticalCss, {
assetPaths: ["_site/index.html"],
minify: true,
});
}
C’est tout !
En plus d’inclure le CSS critique, le plugin ajoute la ligne suivante :
<link
href="./css/styles.css"
rel="stylesheet"
media="print"
onload="this.media='all'"
/>
Cette technique permet de charger le reste du CSS en asynchrone. En effet, le navigateur charge les CSS associées au media print
en asynchrone par défaut. Une fois ceci fait, la destination de la feuille de style est mise à jour de print
vers all
grâce à onload="this.media='all'
. Habile.
Et le JavaScript ?
Quand au JavaScript, qui sert uniquement à gérer l’ouverture fluide des éléments details
sur mobile, l’attribut async
sera idéal :
<script async src="./dist/script.js"></script>
Si l’utilisateur venait à cliquer sur un élément details
avant que le script ne soit chargé, il s’ouvrirait alors sans transition, soit son comportement par défaut. Quand le JavaScript arrive, on utilise donc l’approche d’amélioration progressive sur ces éléments pour améliorer l’expérience.
Résultat, nous n’avons plus aucune ressource bloquante !
Nous avons ainsi drastiquement amélioré le chemin critique, soit cet instant crucial entre la requête et l’affichage de la page.
En une seule requête, notre utilisateur verra un contenu.
Mon petit projet effectue désormais un chargement initial de 128k et s’affiche en moins d’une seconde.
Un site performant, c’est forcément moche ?
Il n’y a rien de plus faux ! Il n’y a aucune corrélation entre la beauté d’un site et sa performance. Si vous avez les bons designers et les bons développeurs, les deux sont parfaitement compatibles.
Ne me croyez pas sur parole : voici une liste d’autres sites générés avec Eleventy, qui atteignent les 100 points sur tous les critères, tout en étant bien plus riches que le mien.
Ces 100 points ne sont d’ailleurs qu’un point de départ : mon petit projet les atteignait avant même les optimisations décrites dans cet article. Ils ne doivent donc pas nous empêcher d’aller plus loin !
À la découverte d'Eleventy
Cet article a été initialement publié sur dev.to
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